PAINTINGS

Album: 
15
Date de sortie: 
Novembre 2011
School: 
OLD SCHOOL
Mood: 
Spleenant
Type de release: 
LP
2

Paintings (loc.jdkl.) : 15ème album du groupe. Touches et retouches impressionnistes d’esquisses musicales sur fond de blues, de rock et de ballades .//. Alternance avec des thèmes plus bruts et plus électro : l’art primitif de Paintings .//. Première délocalisation du lieu de session pour la réalisation d’un album. Premières géométries variables dans la formation/déformation structurelle du groupe : session de quatuors et de duos. Premier message politique fort sur l’affaire Karachi (Karachi (Bogota, Paris). //. Guest Star : Monsieur Frampas.

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CRITIQUE DE L'ALBUM "PAINTINGS" PAR PIERRE FRANCOIS KERGUEDRAN (Melomania, 59)

Il n’y a pas de lieux pour l’art, pas de nations, pas de terres, pas de propriétés. Il n’y a pas de formes même qui n’échappent à l’art, pas de limites, pas de frontières. L’art est à l’horizon de tout ce qui est sensible. Aucun homme ne peut se réclamer de détenir en propre un horizon alors même qu’il le croit enfermé dans sa ligne de mire.  L’art est « un regard » pensait Gide, « une invitation » ou encore « une correspondance », écrivait Baudelaire. L’art nous enjoint à nous orienter ce vers où nous pensions qu’il n’y avait rien d’autre que ce qui, irréductiblement, était, pour autant que nous pressentons, dans le moment où il nous dirige, qu’il lui correspond maintenant autre chose que ce qui semblait être. Il n’est probablement pas d’art sans qu’il n’y ait de ré-vélations. Et, sensiblement, tout paraît pouvoir être ré-vélés. L’album « Paintings » est riche de cette « correspondance » et de ce « voyage » - si l’on veut reprendre l’image baudelairienne - auquel il nous « invite ». Il s’agit certainement d’un premier voyage physique, qui a conduit JUDOKA à délocaliser son lieu de session. Pour son 15ème album, le groupe s’est risqué à passer d’un espace confiné à un endroit de plus grande envergure. Le son ne s’y perd pas et semble même y gagner en espace, comme s’il se donnait un peu d’air et se mettait à son aise. Il en va ainsi de la première partie d’album où la musique accompagne des morceaux qui sont autant de promenades, comme l’est tout à propos « la balade des Judokas ». Il n’est pas de correspondance plus ténue entre la lenteur des rythmes de cette première partie et les horizons qu’elle déploie, l’évanescence des riffs et la rêverie qu’elle distille, le blues jazzy-rock des premiers titres et l’assise sereine qu’elle inspire. Il y a dans « Andelys Blues », « Empty House » ou «Ladder & Snake », quelque chose par lequel on se laisse inviter et conduire, sans trop en déterminer la teneur, mais peu importe, le chemin est confiant qui nous promène ce vers où l’on pressent progressivement l’abandon et la mélancolie, et cela, quand bien même nous pensions qu’il ne s’agissait que de simples gimmiques, légers et vaporeux, de quelques notes de Kaos saupoudrant un ensemble bien installé de basses en boucle. Ces premiers titres se révèlent, pour peu que l’on emprunte le voyage des rêves qu’ils promettent, profondément calmes et lancinants, voluptueusement tristes et bucoliques. Une géographie variable d’impressions : JUDOKA ne s’est pas trompé en choisissant une thématique picturale, qui ramène la musique de « Paintings » à un composé de lumières et d’émotions qui se dévoilent en nous au fur et à mesure et par suggestions successives. Mais quand s’écoutent « Titanic » et « Hard Truck Killer » les émotions sont déjà là et palpables, comme si la correspondance était plus immédiate entre le son, ses vibrations, et notre ressenti. Elles ouvrent la voie de la deuxième partie de l’album, dite « Primitives ». Les structures des titres sont ici plus franches et plus acérées. Le tranchant des « Primitives » n’a alors d’égal que la sensation qu’elles expriment, qui nous fissure, nous égratigne, et parfois nous écorche. Nous sommes dans l’automatisme de la correspondance. Ce vers où nous tendons est donc déjà ce qui s’impose, sans artifice, avec la brutalité de l’immédiateté, à notre organisme. « Les Primitives » ne laissent ni le temps ni l’espace du pré-sentiment. Les choix électro-techno de JUDOKA, dont les boucles d’arpeggiator sont une illustration, supportent au mieux les intentions du groupe, car c’est aussi bien la froideur, la radicalité, que la mécanique répétitive des « Primitives » qui correspondent au mieux à notre corps plus qu’à notre esprit, à notre état plus qu’à notre être, aux pulsations du cœur plus qu’aux égarements de nos sentiments. Des im-pré-ssions aux sens-à-tions : tel pourrait être le carnet de voyage où nous invite ce 15ème opus.

https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/235-1_empty_house.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/236-2_ladder_snake.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/238-3_under_pref_street.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/239-4_andelys_blues.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/240-5_la_ballade_des_judokas.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/241-6_technibar.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/242-7_california_lovers_long_version.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/243-8_titanic.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/244-9_hard_truck_killer.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/245-10_karachi_bogota_paris.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/247-12_primitive_1.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/248-13_primitive_2.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/249-14_primitive_3.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/250-15_primitive_4.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/251-16_primitive_5.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/252-17_primitive_6.mp3
https://judoka.in/sites/default/files/fields/Morceau/253-18.mp3

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