" O que crains-tu ? 

Espiègle, innocente vertu

Dans les bras qui ont connu 

Bien des naufrages 

 

Le corps n'a pas d'âge 

 

O petite Sophie, innocente, 

Bien pensante

Bienfaisante 

Innocente...

 

Dans le ventre du loup 

Tu aimes te jeter 

Dans le ventre du loup 

Tu aimes les griffes acérées

 

"Vois-tu, petite Sophie, ici tu seras bien nourrie

Tu seras bien blanchie " 

Et derrière toi chantent les marins 

D'une seule voix 

Oh....oh...

 

Petite Sophie, tu t'aventures 

Dans cette retirée chambre sombre 

Dans l'entrebrasure 

Dans la pénombre 

Seule,

Une couche

Un bout de bois 

Pour que tu t'étendes là

 

L'armateur du quai 

C'est monsieur Duguet

Descendant les marches 

Une à une 

Cloc, cloc, cloc

Toc toc toc, contre la porte 

 

" Me voici par-devant vicomte de la Marche 

Et comment ne saurais-je souffrir de vous 

Un mépris ? Un affront ? Un refus ? 

Voici que, séant, je suis l'armateur de ce quai 

Bien que l'on dise que j'offre aux plus offrants 

J'offre aussi aux plus grandes beautés

 

- Oh, mais, seigneur, comment puis-je vous répondre ?  

Innocente, je suis 

Enfermée, j'ai été 

Depuis la nuit des temps 

 

Voilà bien trois semaines 

Que je souffre, séant, 

Au fond d'une cave 

Où je n'ai à souffrir que de l'odeur putride 

Comme Mélusine 

 

- Oh là, gente dame,

N'avez-vous point voulu, pour vous, que je passe les armes ? 

 

- Oh, mon seigneur, que ne puis-je encore rester ? 

Oh, mon seigneur, que ne puis-je encore souffrir ? 

Que le destin m'afflige 

Que je n'ai plus de soleil

Oh, que je prie, dans mes nuits,

Que la lune

 

- Oh, mais, ma très chère, 

Que nous soyons, vous et moi, au plus clair 

Je veux que vous me suciez ma guise..."

 

Et là, l'histoire prend fin

Car je ne saurais conclure

Qui, du duc

Qui, de la dame 

Aura eu main de mise 

 

Ma vertu, je saurais 

Et l'équipage aussi 

Et nous voici maintenant, voguant,

Vers d'autres horizons 

L'océan nous appelle 

 

Nous avons laissé sur le quai 

Nos histoires passées 

Moi, celles du monde cru 

A jamais dévergondées

 

J'ai sucé le Guise..."

 

JudokA, Recueils Immatériels, 2017