"Si je te disais Céline, 

Au son du lalalalalala de naguère

Perdus dans les tranchées 

Et près de la grande côte 113 

Près des monts Aely

Où se tirait le capitaine Asseland 

Avec la casquette de travers 

Le temps des guerres 

Et sur le no man's land

Dans les flaques 

Où nous avancions comme des bêtes de somme

Pareils à des animaux démantibulés 

Des pantins 

Des laquais, des laquais, des laquais...

Et si je te disais Céline 

Le temps des guerres

Où nous avancions même pas masqués

Même pas protégés 

Hormis dans une forme de laquais  

Comme des valets

Sous le feu des balles ennemies 

Sous le feu des balles des capitaines Asseland

Et dans le mille 

Le long de la côte 113 

En marche pour Berlin 

Près de Metz

Dans la boue 

Dans la poisse

Parmi les rats 

Et si je te disais Céline

 Lalalalalalalalalala....

Au son de ma douleur à minuit 13

Comme il pleuvait sur Sèz

Près du champ de mines

Au son de ma douleur à minuit 13 

Le réveil 

Systématique 

Algorithmique

A minuit 13 

Au son de mon angoisse 

Un vieil obus de masse 

Au son de ma douleur à minuit 13

Me réveille 

Une douleur lancinante 

Un souvenir insinueux

Intriguant 

Mystérieux 

Comme une vieille béquille 

Comme un estropié 

Marchant par arrêts, pas à coups, par saccades

Me réveille à minuit 13

Cette douleur lancinante 

Ce vieux syndrome passé 

Un vieux coup de matraque 

Un rendez-vous avec les flics

Une ordonnance 

Une injonction 

Quelque chose de capital 

En lettres capitales 

Lalalalala...."

JudokA, Recueils Immatériels, 2019