Melomania

Critiques d'albums réalisées par Hugues De FONSIGNAC pour la revue MELOMANIA


DARK SIDE OF THE EARTH  (Melomania, 33 - 21/03/2010)

Trio français originaire de Paris Ouest- Nanterre - La Défense, JUDOKA s'est formé en 2009 à la suite de la rencontre de Julien, leader des Starlighters, formation des années 90’s alliant une forte présence scénique à un répertoire World Rock et de Dominique, bassiste des Whalallas, groupe de la même décennie, en recherche constante d’harmonies pop et mélodiques. Jérôme K., mélomane et électro-accousticien, hors norme de par son énergie et la fulgurance de ses découvertes sonores, rejoint le groupe quelques mois plus tard, en précisant les premières fondations mises en oeuvre par Julien et Dominique. L’apport des boucles aux forts accents technologiques a pour but d’amener Judoka vers la «Quintessence » avoue K. dans l’intimité. Pari réussi dès le premier album. « Dark Side On The Earth » offre une délicate palette de Cold Wave, sombre et intimiste comme la déclinaison des différentes heures de la nuit. Julien propose sur ce premier album un Mix fraichement candide des improvisations musicales de JUDOKA. L’alternance des plages musicales et des passages parlers confèrent à la Masterisation proprement dit, une démarche qui, initialement, peut dérouter, mais qui nous finale une intimité sans pareille dans le monde de la musique moderne. L’auditeur est convié à l’élaboration de l’album envahit progressivement jusqu’à nous faire ressentir ce que JUDOKA appelle « l’élargissement ». Elargissement des sens et élargissement de la pensée (et ce, presque malgré nous) qui participent d’une alternance, juste et équilibrée, de gammes denses et souples, toujours hardies et singulières.

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COTE OUEST (Melomania, 34 - 24/04/2010)

« Différent », concède Dominique, le deuxième album de JUDOKA repose sur une base de guitares tziganes renouvelées et électro-folk. Le groupe invite à toutes les formes de voyages vers « l’Ouest ». L’Ouest des contrées géographiques (à écouter le titre « Clint Yul & Tom» pour son réalisme poétique et brutal) et l’Ouest des contrées psychiques, toutes deux insoumises, rebelles et impérieuses (à écouter l’ensemble vocal des trois voix mêlées distillant un savoureux mélange de tous les aspects de la virilité d’aujourd’hui : voix ténébreuse et ronde, voix de tête et perchée, voix de scansion et d’alarme). Comme le rappelle JUDOKA, c’est en ce sens que le deuxième opus est aussi, in fine, « l’histoire du phallus droit ». Notre préhension sur le monde, envers les autres, envers soi-même. Album mythique qui, par essais et erreurs, nous amène à tâtons vers une mystique mâle et profonde. JUDOKA ose la question des conquêtes identitaires qu’il reste à entreprendre. Et si, à l’ouest de ce que nous sommes, dans la virilité consciente de la masculinité, ne subsistait pas la question d’un voyage vers la « déconstruction sexuée » ? Musical et métaphysique, JUDOKA est à découvrir.

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RETOUR SUR TERRE (Melomania, 38 - 27/05/2010)

Enfin disponible, le quatrième opus de JUDOKA est celui qui, à sa sortie, suscite le plus de controverses auprès des critiques et des auditeurs, et ce, quelle que soit leur culture musicale. Au sein même du groupe, nous avons appris récemment que les avis restent partagés. Julien, dont on connaît le talent d’arrangeur, conserve une distance circonspecte quant à cette nouvelle production. De son propre aveu, il s’est tenu écarté un mois de cette « matière vivante » avant de s’atteler à son travail de mixage. Quant à Jérôme, dont on apprécie d’habitude la prodigalité envers les critiques, il se cantonne, pour ce quatrième album, à une pose réflexive. Parmi les membres de la rédaction, nul autre album du trio n’aura suscité plus de positions partisanes. Les inconditionnels crient au génie. Les moins fervents crient au scandale. Si l’on souhaite adopter une position médiane, on admettra qu’avec « Retour sur Terre », JUDOKA nous impose, par une étonnante force d’attraction à la loi de la pesanteur. Leur album est pesant, oppressant, pour ne pas dire « enfouissant ». Tout se passe, dans ce quatrième opus, comme si les JUDOKA voulaient nous immobiliser au sol, en laissant, comme seule espace de vie possible, comme seul espace de liberté, la possibilité unique de creuser et d’aller chercher plus profond encore en nous-mêmes. Introspectives, les basses de Julien sont des basses lourdes et sèches. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les basses très enracinées des immuables « Fais tourner » et « Un par un ». Véritablement, jamais album de JUDOKA ne nous aura fait autant mordre le tatami et sa poussière. Et puis, avec la poussière, jamais album de JUDOKA n’aura autant joué avec le feu et la passion. Autant dire tout de suite que la passion qui se libère de ce quatrième opus n’a pas de précédent dans la discographie du groupe. Mais c’est une passion si singulière qu’elle peut troubler, une passion si régressive qu’elle peut gêner, une passion si violente qu’elle est à redouter. Demandons au moins fervents défenseurs de JUDOKA 4 de saisir tout ce qu’a de ténébreux, de fantastique, voire, de psychanalytique, le tragique « autre monde » qui sait renouer, sans fioriture, avec les opéras d’Amadeus et notamment Don Giovanni. Depuis l’avènement du rock, nous n’avons pas souvenir, en France, d’un groupe qui se soit approché à ce point de l’épicentre de la tragédie et de l’opéra. Avec « autre monde » nous ne sommes plus seulement revenus sur Terre, nous avons franchi la ligne, nous nous sommes ensevelis, nous sommes passés dessous la Terre. Allégorique et prémonitoire si l’on en juge par la « La nuit du crocodile », avec « autre monde », nous terminons ce qui a tout lieu d’être une catarsis. Nés de la poussière, la voix de grand commandeur nous rappelle à la poussière et à ce que nous sommes une fois délivrés de nos errances. Nous ne sommes que de sang, nous ne sommes que de chair, et nous ne sommes que ce sang et cette chair articulés autour de mondes d’acier, de bois, de marbre. Vous l’aurez compris, la tangente et la médiane sont des positions difficiles à tenir au regard de cet opus probablement transitoire mais résolument à part de JUDOKA. Nous l’admettons, inconditionnels convaincus, nous ne saurions, nous, que trop recommander ce « Retour sur Terre », album ardu, qui nous épargne peu, mais pour une écoute parcimonieuse, à raison d’une fois par an seulement, comme ces pépites musicales du passé que l’on ne saurait comprendre immédiatement et que l’on craindrait de trop user à écouter sans modération. « Retour sur Terre », « on dirait un château fort de méchant avec un dragon dedans », à en juger par ce qu’en dit le fils de Dominique. Et si c’était lui qui avait raison ? JUDOKA 4 : un conte maudit pour adultes ?

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LIVE IN TOKYO (Melomania, 41 - 27/06/2010)

Ce n’est pas un hasard si JUDOKA a choisi, pour son 5ème album, de se référer à Tokyo, laquelle, entre toutes, symbolise aussi bien l’effervescence que la méditation. Tokyo reste aujourd’hui un espace vierge, sorte d’Eden contemporain, où toute innovation paraît possible. Il émane de cette ville un sentiment d’éternelle jeunesse à la fois exaltante et rafraîchissante. Il est écrit que « la jeunesse est un paradis une fois qu’on sait qu’on la perdue ». Après « Retour sur Terre » qui nous avait ramenés à la poussière, JUDOKA propose son « Live in Tokyo » et c’est probablement avec cette jeunesse, naïve et insouciante, inspiratrice et sans limites, que le groupe ose renouer. Il semble que JUDOKA ait souhaité « re-trouver » ce que sensiblement il ne souhaitait pas perdre. Et qu’aurait-il eu à perdre ? Remontons « la vague » de ce 5ème album qui nous ouvre les portes de ce que nous avons tant aimé re-trouver chez JUDOKA. Tout d’abord cette formidable volonté de jouer, plaisir rageur et électrique, sans tension, dont « Dark Side on The Earth » fut la première et plus belle expression. Il est impossible d’écouter « Welcome in Tokyo », « Groove in Eb », « la vague » ou encore « Fuji Yama » sans succomber à l’énergie de Jérôme, qui insuffle à ces extraits une joie engageante et communicative. Le jeu de Julien est, sur ces titres, tout en finesse et en volutes, libérant des archivoltes musicales que l’on suit comme si l’on devait se frayer un passage au cœur d’un club nippon. Et quelles lancinances ! La basse de « Fuji Yama » pourrait se répéter à l’envi sous les quelques accents toniques de Jérôme. Entêtés, nous aimerions ne plus jamais nous arrêter de tourner sous les lumières stromboscopiques des buldings, que l’on devine, dans la nuit, massifs et étincelants. A « Fuji Yama » succède « Eté 2010 », qui est une ode, sorte d’histoire éphémère, enivrante parce qu’elle ne dure qu’un instant, comme une rencontre et comme la séduction. Elle stygmatise ce que l’on ne souhaiterait jamais perdre de « Côte Ouest ». Un jeu plus sobre, avec une rythmique plus souple et un gimmique de Dominique épuré, qui sonne seulement pour appuyer et enrichir la voix de Jérôme. Jérôme ? Une révélation. Après quelques essais sur les opus précédents, on découvre une voix libérée qui porte un texte puissamment évocateur et narratif. C’est alors que survient cette lente respiration qu’est «Okinawa Beach ».JUDOKA nous invite en dehors des murs de la ville. Nous quittons tranquillement Tokyo, comme à l’arrière d’une berline noire aux vitres teintées, allongés et sereins, les yeux perdus dans les étoiles au-dessus des tours. Nous arrivons, la nuit, sans inquiétude, sur une plage où nous sommes seuls. La mer déverse un flot d’écumes mauves. Le vent souffle à travers une végétation qui embaume de doux parfums, délicatement sucrés. L’air est humide et chaud. Le groupe chante alors ce que l’on aimerait rêver avec eux : des bateaux éloignés sur une mer étale, des feux qui se consument lentement sur le sable, ou encore des corps qui se dénudent dans l’eau fraîche. Leur voix est unique et communiante. Elle dit toute l’innocence d’une rêverie évanescente. Et jusqu’où porte alors la rêverie de JUDOKA ? Comme avec « Helium », elle nous déplace hors du temps et nous transporte au plus près de l’intime. « Okinawa », « Power of Shiatsu » sont des subtiles évocations « de ce qui auraient pu être si nous n’étions pas, toujours et malgré nous, désespérément nous-mêmes », se plait à penser Dominique. C’est pourquoi, à mesure que se déroulent les heures de la nuit, nous aimons, avec JUDOKA, passer sans heurts du rêve à la nostalgie et de la nostalgie à la mélancolie. « Parce que c’est l’été » en est, à n’en pas douter, la plus aboutie des illustrations. Ce titre impose avec simplicité une délicate élégie, tout en sensibilité et d’une étonnante candeur. Alors, après cela, le quatrième album serait-il définitivement perdu ? Pour ce qui est de « Retour sur Terre », nous sommes convaincus que c’est encore JUDOKA qui en parle le mieux, si l’on en juge par leur surprenant debriefing de fin d’album. Aussi, à l’écoute de ce 5ème opus, nous viennent seulement quelques vers qui semblent résumer au mieux notre sentiment. Il y a plus d’un siècle, Rimbaud écrivait, à propos de la jeunesse, cette sentence symbolique et intemporelle qui ne saurait mieux convenir à « Live in Tokyo » : JUDOKA, « Elle est retrouvée – Quoi ? – L’éternité ! »

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POST LIVE IN TOKYO

La critique se demandera toujours s’il y a eu un avant et un après « Live in Tokyo ». A l’évidence, cet album marque une étape dans le choix du groupe de se raconter. Tendance fâcheuse et narcissique pour certains, nécessaire et ultime pour d’autres. En découle « La Matière », dont la programmation, qui peut paraître parfois très inspirée, traduit une volonté du groupe de se retourner sur sa création. Toute mythologie est faite de ces retours en arrière, mais aux dépens souvent de l’esprit d’aventure et de la nouveauté. JUDOKA n’échappe pas aux canons de cette narration mythologique. Tel Sodome qui, accomplissant sa destinée, ne doit plus se retourner en arrière au risque de se voir changé en statue de sel et condamné à un eternel immobilisme. Un peu comme une route longue et sinueuse, dont le profilement aurait moins de sens que ce qui se passe derrière : a « Lost Highway ». Une route perdue devant car l’essentiel est dans le rétroviseur de son histoire. JUDOKA se retourne. Et quoi ? Il en ressort comme une nostalgie des racines, sorte de blues rocailleux et sec, qui sent l’angine et le sel ou la mauvaise toux grippée dans la gorge ou le vilain retour de cuite, au choix. « Sous la neige » tombe alors. Lentement, plus surement. L’album est comme un fil qui re-noue avec le désir de re-venir vers l’avant. Avec de nouvelles idées. La voix du KA mûrit. « Le tapis » sonne. Les effets sont plus calculés et le désir se ressent de maîtriser les chutes comme un flocon, allant et revenant dans le vent. Mille retours et détours tourbillonnants qui trouvent leur prolongement dans « Cardinal Eleventh » ou la voix de l’ouverture. La voix d’avenirs incertains. Les chemins se diversifient, se ramifient, se cherchent et se superposent. Les essais sont fugaces, comme des esquisses : synthétiseurs, samplers, chorales. JUDOKA fait l’inventaire, sorte de bestiaire de tout ce qui lui est possible et de tout ce qu’il sait faire. Et JUDOKA invite. Comme une promesse, « VFondS » aime se perdre, se chanter, se raconter, se rire. Parfois vibrant, profond, granuleux, stellaire, jamais cynique. Il est à l’image de cet album, qui semble être aussi une nouvelle voie, celle « des sages » ? Comprenons ainsi le texte de ce titre, « elle hurle, c’est plus qu’un cri de l’au-delà ». L’au-delà de l’au-delà a un sens chez JUDOKA et c’est ce que le groupe aime vouloir atteindre. Ce fut, après « Live in Tokyo », le désir de se re-chanter, de se re-dire, de se re-nouer, « au-delà de ce qui était déjà au-delà » (dixit DO) d’une expérience de chant ou de narration des albums précédents. L’au-delà, aux dires de ceux qui est en reviennent, a une forme : c’est une lumière blanche et lointaine. Ici, ce sont trois points lumineux : « les Lumières Judokales ». Assurément, c’est comme si JUDOKA signifiait dans son dernier opus qu’il re-venait de loin. De son passé et de ses chimères, de ses illusions, du risque, en somme, destructeur, de vouloir se re-vivre tel qu’il fut dans sa Matière.

Mais nous n’attendons pas ardemment que JUDOKA re-devienne. Au-delà de la Matière, nous voulons témoigner au groupe que nous n’aimons jamais tant JUDOKA que lorsqu’il est.

Pour la deuxième année, que JUDOKA soit.


SOUS LA NEIGE (Les cahiers de la musique, 159 - 27/12/2010) - par Jean STEVEN

Soyons sérieux. Si nous comprenons sans peine le récent engouement pour JUDOKA, nouveau trio amateur de la banlieue néo-chic parisienne, auprès de quelques groupies, nous ne saurions, sans nous étrangler, en faire une critique décente et constructive. Hormis en demandant à ses amateurs, qui s’en réclament par ailleurs comme s’il s’agissait là d’une qualité ou d’un faire-valoir, de retourner à leurs gammes. Nous doutons sérieusement de la culture musicale du groupe, qui doit, à tout peser, reposer sur quelques albums poussiéreux des années 70 et une culture new-wave aussi pauvre et froide qu’elle ne l’était déjà à l’époque. Vraiment, pas de quoi fantasmer. Nous sommes d’accord, les moyens techniques ont changé et c’est ce qui doit plaire à nos amis des Inrocks, friands de tout ce qui sonne « tendance » et « électro ». Mais, jeunes gens, ce n’est pas avec trois sons bourrés d’effets, jetés en pâture dès les premières mesures, que l’on construit ce que vous appelez de la musique. Encore faut-il disposer, non seulement d’un rudiment de technique, ce dont, très franchement, nous doutons à vous entendre, mais encore, d’un minimum de nuances, ce dont vous êtes, à vous écouter, totalement dépourvus. Et c’est probablement ce déballage d’arrière cour de hall de fac, dès lors que JUDOKA entre dans ses élucubrations, qui nous choque le plus. Sous couvert de se prétendre artistes, JUDOKA n’est qu’un groupe de maquilleurs. A commencer par ce que Jérôme décrit comme étant « l’âme » du trio, (il ose le dire sans complexe et sans honte), à savoir l’improvisation fondatrice des albums du groupe. Comment expliquer alors, si l’en est, que Julien s’adonne aux découpages et au mix des titres de JUDOKA ? N’est-il pas paradoxal que ce groupe se réclame d’improviser alors même qu’il fournit à ses auditeurs à un travail re-construit, re-structuré, re-mâché, en un mot, re-battu ? Et le cœur du maquillage ou de la supercherie de JUDOKA est là. Car nous excuserions, volontiers, par exemple, que Dominique, qui ne doit connaître que la quinte augmenté et un effet de son enregistreur bon marché, se cantonne à répéter en boucles des gimmiques d’une pauvreté sans fond que le terme minimaliste ne suffit pas à atténuer. Par ailleurs, nous comprendrions que les logorrhées verbales du groupe, fournit en l’état, soit à ce point, dépourvus de sens, (ce qui peut être un genre en soi) pour ne pas dire risibles. Car comment adhérer, dès lors que ces espaces parlers ont été sélectionnés, à cette bouillie informe de propos triviaux, proches du comptoir du café de commerce, (à écouter par exemple la pathétique référence à des cours de latin de classe de 4ème), qui se donne de la prestance, sous couvert d’être appelés poésie par les membres du groupe. Il ne suffit pas, messieurs de JUDOKA, d’avoir lu quelques livres et fait un tant soit peu d’études pour que vos prétentions soient à la hauteur de vos ambitions. Pour être poêtes, il ne suffit pas de faire reluire vos propos, comme vous le faites vulgairement, en marketant vos productions. JUDOKA est, in fine, un groupe d’onanistes elitistes qui se cachent sous les mots pour ne rien dire du vide qui habite leur paresse à réfléchir, à penser et à construire. Des gens de bon goût, finalement de bon ton, faussement provocateurs, faussement novateurs, faussement musiciens, et même, comble de leur « concept », faussement amateurs. A la fin de l’onanisme, il n’y a que la petite mort. Messieurs de JUDOKA ne cherchez plus à la dissimuler de quelques artifices qui entichent votre son d’un semblant d’intelligence. Vous êtes, et désespérément, artificiels.

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ALIENS (Melomania, 48 - 15/03/2011)

Alors qu’ils nous avaient habitués jusqu’ici à se produire en trio, JUDOKA, pour ce 10ème album, mue en un quatuor original. Cette mutation intronise de façon franche et radicale la voix de Taylor, apparue comme invitée 1dans « Cardinal Eleventh » et qui affirme ici sa pleine mesure. Il n’aura fallu qu’une session pour que cette voix, tantôt chaude et ronde, tantôt fragile et escarpée, s’ouvre une voie sur les chemins sinueux de la musicalité du groupe. Taylor, par son assurance vocale, confère une maîtrise nouvelle aux titres et réussit le tour de force de les ajuster à un format plus usuel et standard. A n’en pas douter, cette maîtrise justifie la seconde mutation de l’album car « tout se passe comme si » le groupe, à certains égards et par intermittences, portait cette voix comme un fer de lance et la soutenait dans sa recherche de conformité harmonique. En témoigne the « Queen of The Universe » qui préfigure, comme semble le confirmer non seulement la presse spécialisée mais aussi – et c’est nouveau pour le groupe - une certaine presse de vulgarisation, le premier Single de JUDOKA.  Cependant, c’est ici que nous devons nous hâter de rassurer les éventuels opposants à la globalisation d’une certaine musique formatée « Universal ». JUDOKA « mute » mais ne renonce pas. Par delà son apparente séduction aux charmes des « Succes Story » promues par les producteurs aux moindres groupes à cheveux courts, pourvu qu’ils aient moins de 20 ans et se donnent l’air de rien quelque chose d’anglais qui paraisse « French Touch », JUDOKA sait cultiver ce qui fait une partie de sa singularité. Cette singularité, que nous croyons être tout à la fois un mode de production, un concept et une vérité de l’instant, s’imposent encore à nous, en dépit du travail plus léché et, au demeurant plus lisse de Ju, toujours maître dans l’art du découpage des titres du groupe. Pour s’en convaincre, il suffit de se laisser saisir par les passages électro qui constituent le cœur de « Nuclear », « Goldorak » ou encore de « Kangaroo Star ». Ces titres revêtent une forme de fulgurance libre, qui n’est, à postériori, pas atténuée et reste en prise avec l’état originel de ces auteurs. De fait, cette fulgurance, qui n’est pas contrariée par « une interprétation autre que celle qu’elle donne dans le moment où elle doit en être et qu’elle en est effectivement », dixit Do, imprime à l’album le mouvement brut de la musique qui se réalise. Pour preuve « Ghost in the Shell » et « Groove in Apart » inspirés par la scène New-Wave de la fin des 70’s, se veulent l’un fragile et profond, l’autre profond et épais, et nous imprègnent de leur âme sombre mais vivante, tout en restant en marge des exigences formelles des pops songs canoniques. Aussi, nous ne craignons pas de dire qu’en dépit des mutations constitutives de ce 10ème album, la musique continue pour JUDOKA d’exister par-dessus-tout. La véracité du titre « Aliens », n’est pas ici remise en cause, tant il est au plus près des mutations structurelles et formelles  de JUDOKA. Pour autant, le groupe ne nous paraît pas avoir joué en étant étranger à lui-même. C’est sûrement que la refonte entre les musiciens est une refonte douce et que l’intégration de Taylor - mais nous ajouterons aussi celle de Phil, nouveau Kaoïste qui surexpose à bon escient la part contrastée, sombre et répétitive de JUDOKA – a été abordée dans une alchimie qui sait ménager les sensibilités profondes des membres du groupe. Il ne reste plus qu’à attendre avec impatience le retour du KA, tant recherché sur « Searching Azel », pour que se tisse la trame de fond d’un groupe qui mute en finesse sans renier ses racines. Où seront-ils seulement cette prochaine fois ? C’est là l’étrange étranger qu’ils leur restent à découvrir.

1 N.D.L.R : Nous revendiquons ici le choix de préférer l’élégance française de la « voix invitée » - au risque de nous démoder - à l’impersonnel « Guest Star » usitée par une presse enamourée d’anglicisme et de ce qui sonne faussement « djeune » - si l’on en juge par la quarantaine bobo de ses journalistes -.

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WHERE WE ARE (Melomania, 53 - 30/06/2011)

Il en fut de la mauvaise New-Wave comme il en est aujourd’hui de la mauvaise pop acidulée. Il y eut celle avec son lot de charts bon marché et puis il y eut l’autre. Plus sourde et grave, avec une rage d’exister sans truchement ni fausseté. Rousseau écrivait que « l’art est l’affligeante image de la servitude » : il en fut des standards compassés à la gloire d’une société de masse au milieu des années 80’ ; il en est des comédies chorégraphico-musicales des navrantes années 2000. Heureusement, il reste aujourd’hui, comme il restait déjà à l’époque, des enclaves ou des entorses, des moments vierges ou délicats, des fragilités qui se jouent. Taylor, confirmation de JUDOKA, (ce sont encore nos consoeurs qui en parlent le mieux) sait résumer ainsi l’intuition que nous avons eu à l’écoute du dernier album : « With JUDOKA, you can do everything ». C’est un peu, sans risquer de trahir sa pensée, ce qu’a gagné Julien en réunissant autour de lui autant d’inspirations multiples. Tu peux faire, où sont les JUDOKA, ce que tu veux. Pour le comprendre, il faut avoir entendu le KA, qui, dans certains moments chantés, avec une voix tout en nuance et en fêlure approche la grâce. Assurément, on mesure que le KA ne peut être que là où il a voulu être à ce moment là ; moment où il n’est plus, ni plus ni moins, que Judo-KA. Pour goûter ce moment, écouter sans se lasser, « Au fond de l’eau » et vouloir être au plus près d’où JUDOKA est. Ce peut être une plongée abyssale. Par ailleurs, c’est un rare plaisir que de se voir offrir avec Taylor une voix qui ose lyrismes, cris et paroles comme dans « I feel so empty » ou « Ride the Snake ». Cette voix est toujours soutenue, contenue, épaulée, provoquée, distancée de main de maître par la guitare renaissante de Ju. Aphorismes musicaux ou métaphores sonores, sa guitare parle parfois, ou elle crie, ou elle chante, et l’on s’en émeut comme dans « Ride the Snake », véritable ode à la liberté ou à l’élégance Rock, tout simplement.

Alors où est JUDOKA ? Dans cette élégance là.

 NDLR : Nous nous sommes autorisés à reprendre la traduction littérale du « UBI JUDOKA EST » qui est l’ode des fans de JUDOKA. Cette traduction nous a paru servir au mieux la pensée Judokéenne dont nous cherchons à rendre compte au mieux dans nos articles.

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AROUND 6-PM (Melomania, 57 - 13/10/2011)

Certes, on ne sait pas si ce 14ème album de JUDOKA donne lieu à un renouvellement en profondeur. Néanmoins, il apparaît de prime abord qu’« Around 6-PM » tranche radicalement avec les derniers opus du groupe. Plus court dans sa forme, plus concis dans sa réalisation, cet ensemble de 6 titres - alors que le groupe nous avait habitués jusqu’alors à des albums plus prolifiques - se veut aussi plus homogène et plus simple. Revenu à une formation en trio - ce que l’on n’avait plus entendu depuis « Lumières Judokales » - le groupe fait également l’expérience de restreindre le temps de sa session. De fait, il en ressort un album où tout paraît plus re-serré autour de la musique : de là, sans doute, non seulement l’intimité éloquente qui émane de l’album à la première écoute, mais aussi la densité qui s’en dégage et la con-centration de son propos où le choix de bases résolument Rock semble s’être imposé comme une évidence. A dire le vrai, nous n’avions jamais ressenti aussi nettement la radicalisation avec laquelle JUDOKA, par soubresauts cycliques, exprime la volonté de re-centrer ses intentions autour de sa musique. Avec « Retour sur Terre » et « Lost Highway », JUDOKA nous avait déjà contraints à de telles brusqueries, pour ne pas dire de telles contorsions, vers des productions plus racinaires et roots. Pour autant, à ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts, la fermeté, affirmée et presque intransigeante, dont fait preuve le groupe pour se ré-assurer, à grands renforts de basses enterrées et sourde et de guitares épaisses, par ce qu’il pense être la véracité – l’âme, se risquerait à dire le KA ; la tension penserait Ju - de son existence, reste pour le moins étonnante. Les questions d’ordre existentiel, qui interrogent principalement le sens de l’identité de JUDOKA, sont en elles-mêmes constitutives du processus de création du groupe et, à travers lui, jalonne le sens de son histoire. En cela, ce questionnement auto-centré est porteur d’un mécanisme évolutif - dont nous sommes désormais coutumiers – qui consiste premièrement à porter le groupe de soi vers l’exploration de ce qui lui est étranger, de s’en étonner et, par cet étonnement, de s’y plaire ; puis, par crainte anticipée de s’y complaire, d’aimer s’y faire peur, et ce, dans le but implicite de mieux vouloir en revenir. Aussi bien, à notre compréhension d’« Around 6 P-M » par ce qui l’oppose aux autres albums, il semble tout à fait opportun d’apposer celle, également légitime, qui envisage ce par quoi et de quoi JUDOKA veut au mieux revenir dans son dernier album. Il est un fait - et la rédaction en convient de façon unanime – que « Strike » et « Towers Alchimery », après l’album « Where We are », ont pu porter les stigmates d’une forme de complaisance, sinon d’auto-satisfaction, tant les albums, qui ne sont pas déplaisants par ailleurs, révèlent, faut-il le reconnaître, plus de tiédeur et moins de fulgurance, plus de paresse et moins d’énergie, plus de convenance et moins d’ambition que leur prédécesseur. Malgré tout, nous ne pouvons pas négliger quelques trésors cachés dont le groupe aura su conserver le secret. « Lose You », « Pretending » et « No way » sont, à cet égard, des balades élégantes, jouées avec raffinement. L’ensemble, à l’instar de « Memory », « Meteor » ou encore des « Sentiments », porté par la sensibilité du Ka, ne manquent certainement pas de douceur, de tendresse et de charme. Mais force est de constater qu’il manque comme un peu d’aventure et de conquête, peut-être un peu d’impertinence, peut-être un peu d’erreur, pourquoi pas de déraisonnance, pour que « Strike » et « Towers Alchimery » soient tout à fait convaincants. A cet égard, on peut comprendre que JUDOKA soit re-venu de ce qui pouvait tenir lieu, même en filigrane, d’une musique quelque peu romantico-chansonne et doucereuse, à deux pas de virer douçâtre et lassante. Par bonheur, JUDOKA sait se faire peur. « Rock On », « In my brain », « Around 6 P-M », sont plus enracinés, fiévreux, avec quelque chose de tremblant et de moins sûr, mais de fait, également plus sismique et mystérieux, qui donne non pas envie d’en revenir mais d’y revenir. Que dire alors du prophétique « Find a World », sinon que, par lui, nous sommes fin prêts pour re-partir avec JUDOKA vers de nouvelles explorations ?

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PAINTINGS (Melomania, 59 - 18/11/2011)

Il n’y a pas de lieux pour l’art, pas de nations, pas de terres, pas de propriétés. Il n’y a pas de formes même qui n’échappent à l’art, pas de limites, pas de frontières. L’art est à l’horizon de tout ce qui est sensible. Aucun homme ne peut se réclamer de détenir en propre un horizon alors même qu’il le croit enfermé dans sa ligne de mire.  L’art est « un regard » pensait Gide, « une invitation » ou encore « une correspondance », écrivait Baudelaire. L’art nous enjoint à nous orienter ce vers où nous pensions qu’il n’y avait rien d’autre que ce qui, irréductiblement, était, pour autant que nous pressentons, dans le moment où il nous dirige, qu’il lui correspond maintenant autre chose que ce qui semblait être. Il n’est probablement pas d’art sans qu’il n’y ait de ré-vélations. Et, sensiblement, tout paraît pouvoir être ré-vélés. L’album « Paintings » est riche de cette « correspondance » et de ce « voyage » - si l’on veut reprendre l’image baudelairienne - auquel il nous « invite ». Il s’agit certainement d’un premier voyage physique, qui a conduit JUDOKA à délocaliser son lieu de session. Pour son 15ème album, le groupe s’est risqué à passer d’un espace confiné à un endroit de plus grande envergure. Le son ne s’y perd pas et semble même y gagner en espace, comme s’il se donnait un peu d’air et se mettait à son aise. Il en va ainsi de la première partie d’album où la musique accompagne des morceaux qui sont autant de promenades, comme l’est tout à propos « la balade des Judokas ». Il n’est pas de correspondance plus ténue entre la lenteur des rythmes de cette première partie et les horizons qu’elle déploie, l’évanescence des riffs et la rêverie qu’elle distille, le blues jazzy-rock des premiers titres et l’assise sereine qu’elle inspire. Il y a dans « Andelys Blues », « Empty House » ou «Ladder & Snake », quelque chose par lequel on se laisse inviter et conduire, sans trop en déterminer la teneur, mais peu importe, le chemin est confiant qui nous promène ce vers où l’on pressent progressivement l’abandon et la mélancolie, et cela, quand bien même nous pensions qu’il ne s’agissait que de simples gimmiques, légers et vaporeux, de quelques notes de Kaos saupoudrant un ensemble bien installé de basses en boucle. Ces premiers titres se révèlent, pour peu que l’on emprunte le voyage des rêves qu’ils promettent, profondément calmes et lancinants, voluptueusement tristes et bucoliques. Une géographie variable d’impressions : JUDOKA ne s’est pas trompé en choisissant une thématique picturale, qui ramène la musique de « Paintings » à un composé de lumières et d’émotions qui se dévoilent en nous au fur et à mesure et par suggestions successives. Mais quand s’écoutent « Titanic » et « Hard Truck Killer » les émotions sont déjà là et palpables, comme si la correspondance était plus immédiate entre le son, ses vibrations, et notre ressenti. Elles ouvrent la voie de la deuxième partie de l’album, dite « Primitives ». Les structures des titres sont ici plus franches et plus acérées. Le tranchant des « Primitives » n’a alors d’égal que la sensation qu’elles expriment, qui nous fissure, nous égratigne, et parfois nous écorche. Nous sommes dans l’automatisme de la correspondance. Ce vers où nous tendons est donc déjà ce qui s’impose, sans artifice, avec la brutalité de l’immédiateté, à notre organisme. « Les Primitives » ne laissent ni le temps ni l’espace du pré-sentiment. Les choix électro-techno de JUDOKA, dont les boucles d’arpeggiator sont une illustration, supportent au mieux les intentions du groupe, car c’est aussi bien la froideur, la radicalité, que la mécanique répétitive des « Primitives » qui correspondent au mieux à notre corps plus qu’à notre esprit, à notre état plus qu’à notre être, aux pulsations du cœur plus qu’aux égarements de nos sentiments. Des im-pré-ssions aux sens-à-tions : tel pourrait être le carnet de voyage où nous invite ce 15ème opus.

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MUNICH 97 (Melomania, 65 - 07/12/2011)

Ils voulaient taper fort. Ils ont frappé un grand coup. Un coup précis. Un coup pointu. D’emblée, en écoutant le dernier album de JUDOKA, on est saisi par la maîtrise avec laquelle le groupe semble n’avoir pas voulu faire de détails mais porter haut et loin, sans n’avoir d’autre but que de suivre le dessein qu’il s’est fixé, un coup vital. En cela, « Munich 97 » est traversé par l’urgence : un tunnel noir, des néons dans la nuit, la vitesse qui se profile sous une voiture lancée au maximum de sa puissance ; et tout cela, avec un peu de la peur qui la conduit et de la violence qui l’excite. Au plus loin de ce que l’on pouvait espérer, « Munich 97 » se propulse vers l’avant et se débarrasse des conventions, des convenances, des pensées conformistes, des idées convenues, des émois convenables. D’un coup d’un seul, incisif et direct, JUDOKA se projette et réduit au silence les quelques derniers réfractaires qui avaient accueilli « Around 6-PM » et « Paintings » avec un certain scepticisme. Sur ces derniers albums, on a pu dire JUDOKA « emprunté ». On a pu penser JUDOKA « à côté de son sujet ». Les plus extrémistes se sont acharnés avec virulence, pensant s’élever, par leurs critiques, au-delà des vexations qu’ils ont eu à subir à cause de l’émergence soudaine, « impropre » et « inattendue » du groupe. « Enfin je me réveille matin en étant rassuré par le monde et ce pourquoi je me suis destiné. A l’écoute des 12, 13, 14 et 15 èmes albums de JUDOKA, lequel de mes confrères ne saurait être désormais assez naïf et de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que ce groupe, construit de toute pièce par d’obséquieux intellectuels parisiens – qui, ce dit en passant se sont arrêtés à l’enseignement de solfège de la triple croche - est tout aussi douteux que le propos qu’il revendique. Alambiqué et saugrenu, JUDOKA ne manifeste rien d’autre que ce qu’il n’a toujours été aux yeux des plus avertis : abscons et chichiteux1» (p.43). «Wall of Berlin », « Bauhaus Rock Rock », « Deep Inside » et « Stimme Flashe », pour ne citer qu’eux, sont si chargés, si lourds, si pleins de gros sons saturés aux entournures, qu’on a du mal à imaginer qu’il n’y ait pas eu, à les écouter, comme l’intention d’un effet boomerang et d’un juste retour à leur envoyeur. Mais, en même temps – et c’est ce que l’on aime chez JUDOKA - la musique effrontée de « Munich 97 », qui reste le plus souvent acide et sourde, quand elle n’est pas frondeuse et cinglante, n’en est jamais grossière. C’est une musique jouée avec panache, désinvolture et affranchissement, mais qui conserve, au-delà de tout, l’élégance qui fait son identité. Pour s’en convaincre, écouter « Schwartze Walde », à la fois sombre dans son propos et caverneux par ses effets, mais qui revêt par moments, à la limite de la dissonance de Ju et de la voix de Do, des fragilités latentes qui lui rendent toute sa grâce. « Munich 97 » est certainement à ce jour l’un des albums les plus aboutis de JUDOKA. Nerveux, tonique, vitalisant, il porte en lui une dynamique conçue pour traverser le temps, comme nous traversent dans l’instant sa variété, sa signature échevelée et baroque, un peu de sa folie, un peu de sa superbe, un peu de sa vindicte.

1 Jean Rastac (2011). Redonnons la musique à ceux qui la transcrivent. Travail et Musique, 73, pp-37-52.

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