Aliens (loc. jdkl.) : 10ème album de JudokA. La projection des images de Sigourney Weaver durant la réalisation a fortement inspiré l’ambiance et la musique de l’opus.//. Univers où se démarque « Nuclear », parmi les incontournables de l’album et « Queen of The Universe » qui a tout du premier Single de JudokA. Pour autant, par delà son apparente séduction aux charmes des « Succes Story » promues par les producteurs aux moindres groupes à cheveux courts, pourvu qu’ils aient moins de 20 ans et se donnent l’air de rien quelque chose d’anglais qui paraisse « French Touch », « Aliens » cultive une singularité judokéenne.//. Une fulgurance dans une nuit spatiale .//. Album sans K.
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CRITIQUE DE L'ALBUM "ALIENS" PAR PIERRE FRANCOIS KERGUEDRAN (Melomania, 48)
Alors qu’ils nous avaient habitués jusqu’ici à se produire en trio, JUDOKA, pour ce 10ème album, mue en un quatuor original. Cette mutation intronise de façon franche et radicale la voix de Taylor, apparue comme invitée 1dans « Cardinal Eleventh » et qui affirme ici sa pleine mesure. Il n’aura fallu qu’une session pour que cette voix, tantôt chaude et ronde, tantôt fragile et escarpée, s’ouvre une voie sur les chemins sinueux de la musicalité du groupe. Taylor, par son assurance vocale, confère une maîtrise nouvelle aux titres et réussit le tour de force de les ajuster à un format plus usuel et standard. A n’en pas douter, cette maîtrise justifie la seconde mutation de l’album car « tout se passe comme si » le groupe, à certains égards et par intermittences, portait cette voix comme un fer de lance et la soutenait dans sa recherche de conformité harmonique. En témoigne the « Queen of The Universe » qui préfigure, comme semble le confirmer non seulement la presse spécialisée mais aussi – et c’est nouveau pour le groupe - une certaine presse de vulgarisation, le premier Single de JUDOKA. Cependant, c’est ici que nous devons nous hâter de rassurer les éventuels opposants à la globalisation d’une certaine musique formatée « Universal ». JUDOKA « mute » mais ne renonce pas. Par delà son apparente séduction aux charmes des « Succes Story » promues par les producteurs aux moindres groupes à cheveux courts, pourvu qu’ils aient moins de 20 ans et se donnent l’air de rien quelque chose d’anglais qui paraisse « French Touch », JUDOKA sait cultiver ce qui fait une partie de sa singularité. Cette singularité, que nous croyons être tout à la fois un mode de production, un concept et une vérité de l’instant, s’imposent encore à nous, en dépit du travail plus léché et, au demeurant plus lisse de Ju, toujours maître dans l’art du découpage des titres du groupe. Pour s’en convaincre, il suffit de se laisser saisir par les passages électro qui constituent le cœur de « Nuclear », « Goldorak » ou encore de « Kangaroo Star ». Ces titres revêtent une forme de fulgurance libre, qui n’est, à postériori, pas atténuée et reste en prise avec l’état originel de ces auteurs. De fait, cette fulgurance, qui n’est pas contrariée par « une interprétation autre que celle qu’elle donne dans le moment où elle doit en être et qu’elle en est effectivement », dixit Do, imprime à l’album le mouvement brut de la musique qui se réalise. Pour preuve « Ghost in the Shell » et « Groove in Apart » inspirés par la scène New-Wave de la fin des 70’s, se veulent l’un fragile et profond, l’autre profond et épais, et nous imprègnent de leur âme sombre mais vivante, tout en restant en marge des exigences formelles des pops songs canoniques. Aussi, nous ne craignons pas de dire qu’en dépit des mutations constitutives de ce 10ème album, la musique continue pour JUDOKA d’exister par-dessus-tout. La véracité du titre « Aliens », n’est pas ici remise en cause, tant il est au plus près des mutations structurelles et formelles de JUDOKA. Pour autant, le groupe ne nous paraît pas avoir joué en étant étranger à lui-même. C’est sûrement que la refonte entre les musiciens est une refonte douce et que l’intégration de Taylor - mais nous ajouterons aussi celle de Phil, nouveau Kaoïste qui surexpose à bon escient la part contrastée, sombre et répétitive de JUDOKA – a été abordée dans une alchimie qui sait ménager les sensibilités profondes des membres du groupe. Il ne reste plus qu’à attendre avec impatience le retour du KA, tant recherché sur « Searching Azel », pour que se tisse la trame de fond d’un groupe qui mute en finesse sans renier ses racines. Où seront-ils seulement cette prochaine fois ? C’est là l’étrange étranger qu’ils leur restent à découvrir.
1 N.D.L.R : Nous revendiquons ici le choix de préférer l’élégance française de la « voix invitée » - au risque de nous démoder - à l’impersonnel « Guest Star » usitée par une presse enamourée d’anglicisme et de ce qui sonne faussement « djeune » - si l’on en juge par la quarantaine bobo de ses journalistes -.