" Il est trois heures, ça sonne, je ne sais pas si je vais me lever

Ca fait déjà quatre heures que je suis réveillé et je tourne 

La jambe droite ressortie sur le drap pour profiter d'un peu de fraîcheur

Une chambre avec un plafond bas, il fait chaud

Et le corps nu étendu près de moi, je ne le connais pas 

Il y a bien sûr un peu de moiteur

Quand je regarde sa peau j'aperçois des petites gouttelettes sur son épiderme 

J'imagine qu'elle a sué, j'imagine qu'elle sue encore 

J'imagine qu'elle aime ça

Et qu'est-ce que je dois faire à trois heures ? 

Putain qu'est-ce que je dois faire à trois heures ?

Je dois me lever, je dois rentrer dans ma douche, actionner le robinet, l'eau chaude à mi parcours, trente-cinq degrés,

L'eau tombe sur mon corps 

Elle s'appelle Blandine, je l'ai rencontrée sur une terrasse d'un café de Paris 

Nous buvions un, deux, trois, quatre mojitos, cinq, six, sept, huit, je ne sais plus, téquilas

Enfin, ça s'est fait comme ça 

Elle m'a embarqué sur son scooter, j'étais à l'arrière, je savais que j'avais quarante ans 

Elle a dit popopop j'aime ça, bon bah écoute, pourquoi pas 

Elle m'a emmené dans un haut immeuble, il y avait quinze étages, un putain de long, très très long ascenseur,

Je ne voyais plus rien , en fait, il y avait plein de boutons, il y en avait peut-être quinze, ll y en avait peut-être quarante, il y en avait peut-être quarante-cinq, 

C'était tout flou

C'était tout trouble, 

Je ne savais pas, je déambulais 

Il y avait peut-être une plante verte dans le hall, j'en sais rien - peut-être derrière moi ?

Je l'ai suivie, il y avait une petite jupe, un petit cul, des hauts talons, 

Qu'est-ce que vous voulez ? 

J'ai pris la file

Je suis monté  "

JudokA, Recueils Immatériels, 2020