Album
" Sur les traces des dunes
La poussière du sable s'envole
Et, dans les traces des dromadaires,
Nous suivons la piste jusqu'au sanctuaire
Il y a, dans notre caravane, une haute tente
Drapée de fils ténus et d'or
Incurvé sous les dunes, le souffle de l'Harmattan remonte depuis la Méditerranée
Les vois aigües des femmes lovées dans leur résidence de roche
Ici, on les appelle les sirènes des dunes
Et, dans le campement, fidèles à Dyonisos, le dieu grec qui a pénétré jusqu'aux Etrusques,
Les femmes et les esclaves s'adonnent à des fêtes orgiaques
Et, alors que pointe seulement la nuit et que monte la lune
Aligné sous son axe, il vient de Tassynie, au fond de la Numidie,
L'homme à la couronne rouge, brillante de mille feux satinés, brodée d'étoffes et de satins,
L'homme à la couronne rouge est convié au dernier sacrifice
Et, alors que dans la fête orgiaque s'ébattent les femmes, il ne reste plus qu'une jeune fille nubile,
Apeurée, des hommes la sanglent, et les sirènes des dunes, en fond, entonnent la même litanie
C'est le sacre de l'été
Un été où il fait toujours chaud
Où les hommes suent
Et d'ailleurs il n'y a pas d'hommes
Où sont les hommes ?
Il n'y a que lui qui avance
Et cet homme s'avance, précédé de sa cour,
Il y a les éléphants comme Hannibal
Il y a les cerfs comme Alexandre
Et, tandis qu'elle se soumet,
Les cris des sirènes
Et le souffle du vent
Et le sable tempétueux
Et les mères en avant
Les oasis gorgés de sensualité
De chaleur et de poudre
Elle va se courber Salomé
Alors, voilà que le roi à la couronne rouge
S'incline
La relève
Et, d'un geste nonchalant,
Voici qu'elle tourne la tête
Elle gît dans ses bras
Dans ses bras forts des bracelets de mille morts
En butin de guerre "
JudokA, Recueils Immatériels, 2023