Smoke (angl.) : 77ème album de Judoka .//. Session intro-estivale aux Zandlidlavidlao. Quart de finale Euro 2024, France Portugal. Ju Do Ka Phil & The Rookies .//. Par delà les confins du Polo polo, émergeant des énergies mystiques de l’Electral, Smoke emporte judoka dans une nouvelle forme de réalité, mi solide mi psychique, aux frontières de la matière et de l’esprit. Apothéose et deuil d’un mouvement judokéen rejoignant un mouvement personnel (à minima pour Ju et Do), la session Smoke a poussé ses protagonistes aux limites de leur résistance et de leurs excès. Caractérisée par un volume de productions vaporeuses encore jamais atteint, la réalisation de l'opus a ainsi amené Judoka bien contre lui/elle à se décomposer / re-composer dans une déflagration dynamythique qui n’est pas sans rappeler celle de l’invention d’Oppenheimer. Cette explosive intensité est particulièrement entendable dans le morceau éponyme, Smoke, dont la longueur et la tension continue illustrent parfaitement la puissance atomique (créatrice et destructrice) de la session .//. L’expression énergétique de Smoke doit en partie sa force à la participation des rookies, emmenés par le jeune judoka Louis, émanation directe du judoka Do. Prolongeant ses apparitions remarquées dans Apollo, Louis a une nouvelle fois émancipé le son du groupe à l’aide de ses claviers nappés et enflammés, s'inscrivant honorablement dans la lignée des inspirations du judoka Dankh. 3 jeunes autres brillants néophytes l’ont accompagné de leurs chants et leur vitalité, instituant pour Judoka pour la première fois de façon explicite une fonction d’espace de transmission intergénérationnelle, plateforme d’émergence de la jeune scène actuelle. Parmi eux, Yan, étudiant à Columbia, a sublimé l’opus de sa voix remarquable (Donne moi, Regard, Work it out, Mercurochrome…) et de sa facilité à passer du chant au rap, rappelant avec nostalgie et bonheur, à un niveau équivalent, les performances du mythique judoka Taylor .//. Par complémentarité naturelle, Smoke est aussi l’album de la paternité assumée, revendiquée. Un nouvel ordre est né dans la constituance de cette oeuvre, l'ordre des chevaliers darons. Par delà leur adolescence éternelle, les judokas ont en effet renforcé leurs liens dans cette session par la reconnaissance et la célébration sacrale de leur inaliénable daronnerie. Agrégeant leur immense responsabilité, leur honneur, leur foi inébranlable, leur inexorable force au combat et leur saint amour de la terre et de la chair, les valeurs brandies de la chevalerie ont su apporter au groupe de nouvelles dimensions d’expression, de partage et de festoyerie .//. A noter, quelques apparitions remarquées du Comte Toby, symbolisant par son style mûr et sa constitution de figurine-objet ludique, le lien entre la profondeur adulte (et ses accointances au vice) et l’innocence enfantine .//. Smoke marque aussi pour judoka de nouveaux dépassements encore jamais réalisés ; un premier chant en français de Ju (j’avais trop bu), un premier texte préparé du Ka (j’en veux), une nouvelle voix originale de Do, puisant au fond de lui toute son étonnante et excitante canarditude (berliner WTF). Ce dernier morceau, comme Extermination (performance hors norme explorant avec rage et ironie les liens entre l’homme et la nature) s’imposent aussi en eux mêmes par leur folie et leur détachement de toute convention et attente, comme de nouvelles formes possibles enfin pleinement ouvertes et assumées de la judokité, porteuses d’inspirantes lignes à suivre dans les prochaines sessions .//. Par son caractère iconoclaste, intemporel, traditionnel et novateur, rien ne saurait presque mieux convenir à un premier auditeur que de se laisser évaporer dans les volutes et envolées de ce smoke envouté .//. Philip glasses in the fog .//. Salade de chips .//. Dune (1984) .//. Polo à gogo.
