Album
"Je ne sais pas comment on lutte
Je ne sais pas comment on vainc
Je ne sais pas comment on se bat
La seule chose que je sais
C'est qu'il faut rester soi
Toujours
Tu sais que je n'ai jamais eu peur de cette saloperie
Et maintenant qu'elle est là
Je ne sais pas te dire quoi
J'aimerais inventer une chanson jolie
Avec de jolis rimes
Comme un joli poème
Mais je ne l'ai pas fait
Je ne veux pas
Parce que trop y penser, c'est déjà mourir
Parce que trop se complaire, c'est déjà mourir
Ce poème je ne le ferai jamais
Je ne te ferai jamais la grâce de te dire ce que je ressens
Je ne te ferai jamais l'honneur de te dire ce que je pense
Parce que déjà y penser avec des mots jolis, c'est déjà trop d'honneur
Et cet enculé, je vais te dire un truc,
Je l'emmerde
Tous les jours, plus fort même,
Jamais, je ne lui ferai une poésie
Jamais, je ne m'appesantirai sur lui
Jamais je me complairai dans ce que je suis
Le cancer, je l'oublie
Jamais, un mot pour lui
Voilà ce que je suis
Je suis celui avec un micro qui chante
Point
Trois notes sur un synthé
Trois notes comme un gimick
Ce sont les seules notes que je me rappelle
Ce sont les seules notes que je rêve
Je sais, bien sûr, dans quatre jours
Je serai là, allongé,
Je ne pourrai pas bouger
Inanimé
Et ces quatre notes là, je m'en rappellerai
Pourquoi ?
Parce que c'est ce que je suis
Merci
Même si je pleure
Je ne pleure pas pour toi, saleté de cancer,
Non, je pleure parce que j'aime,
Je pleure parce que, si demain je meurs, ce n'est pas toi qui me tues,
Parce que, si je meurs, c'est parce que je veux mourir,
Jamais tu ne m'auras
Même si je meurs de toi
Toujours je te survivrai
Tu mourras
Toi, comme une merde, tu mourras,
Tu pourras tuer tant de d'hommes encore
Tu pourras en tuer des millions
Mais la vie résiste
La vie est pleine
La vie est belle
Lorsque je marche tous les jours
Dans les montagnes
Je vois des plantes
Je vois des feuilles
Je vois mes enfants qui me sourient
Je vois ma femme qui m'aime
Je vois mes amis qui m'adorent
Je t'emmerde "
JudokA, Recueils Immatériels, 2013