66

66 (num. jdkl.) : 66ème album de Judoka .//. Produit à partir d’une coulombiale réalisée en juillet 2020. Ju Do Ka Phil Dankh Pimprenelle .//. Point numérologiquement culminant de l’oeuvre judokéenne célébrant les 10 ans du groupe, le 66 est composé de 33 songs* ayant pour la première fois donné lieu à un découpage multipistes hybride, associant le son ambiant de la session avec celui des pistes de chaque instrument. Retour généreux des passages parlés, déjà re-amorcé en pointillés dans l’album Des horizons l’aurore. Ces particularités, re-insufflant une certaine vérité au son judokéen, peuvent amener à qualifier sa nature par le terme néo-old school, assimilant exceptionnellement une période historique du groupe à un unique album. A nouveau, Judoka s’impose à l’avant-garde de la création musicale contemporaine en offrant par ce mélange si particulier d’un son studio et d’un son live, superposés par-çi, alternés par-là, un style sonore unique, encore jamais affirmé de façon si radicale et originale dans l’histoire de la musique .//. Il est à ce titre important de noter que le découpage du 66 a nécessité un travail titanesque, étendu sur une année entière et plus d’une centaine d’heures au bas mot. Le résultat en fait l’album de judoka le plus volumineux en nombre de songs et le plus long en durée (5h17). Malgré les nombreux raccourcissements opérés à l’intérieur des songs il est remarquable de sentir à leur écoute une forte impression d’espace et d’ouverture dans leur progression, notamment permise par la possibilité de nettoyer, voire corriger, avec force précision les pistes de chaque instrument. Il en découle une netteté acoustique étonnante, inhabituelle dans les précédents opus, qui ne fait que mieux ressortir la sève judokéenne. A noter également que le découpage multipistes a ceci de particulier d’autoriser l’invention de nouvelles formes judokéennes, dépassant, sublimant toujours plus la réalité de ce qui s’est vraiment joué en niveau 1, proposant alors à l’auditeur averti d’impossibles séquences, d’improbables transitions, bien au delà ce que permettait jusqu’à présent le découpage monopiste  .//. En tout cela, et bien que les songs restent difficilement comparables en qualité à celles déjà existantes (l’art judokéen ne pouvant s’inscrire que partiellement et de manière complexe dans des logiques  de hiérarchie) il est indéniable que le 66 s’impose instantanément comme un album culte au fort potentiel de revival .//. Album dense, riche, tordu, réservé aux experts, aux initiés .//. D'une certaine façon, le meilleur de la old school et de la reality school .//. Un retour, une affirmation du principe ascencionnel, une prise de pouvoir de celui-ci sur le principe tunnelien .//. Musicalement, l’album consacre à nouveau l’alchimie des membres du groupe et confirme la valeur d’une décennie d’expériences. Les machines de Phil, les synthés de Dankh, entièrement fondus depuis longue date dans la judokité, affirment encore et infiniment leur puissance et leur potentiel sublimatoire. Ils font résonner l’inspiration du tryptique judokéen originel à un niveau jamais égalé .//. A relever, le triplé de songs successives Root, Lies, Roboka, dont l’unité symbolise 3 facettes indissociables de l’esprit judokéen tel qu’il fut, qu’il est et qu’il sera, en deçà des enrichissements et déclinaisons notables que le temps leur a apporté; la douceur de Ju, l’excitation de Do, le pragmatisme de Ka .//. Mention particulière également à une song hors norme, inclassable dans la discographie judokéenne; Ode à l’inspiration, dont le propos ouvre des pistes de réflexion et de méditation encore inexplorées dans l'herméneutique contemporaine de la création .//.  Dans son ensemble, le 66ème album apporte une nouvelle fois la démonstration que Judoka est certainement le plus grand groupe de rock confidentiel et non professionnel du monde .//. Si encore une fois on ne peut juger qu’avec un long recul de la qualité d’un album de judoka, et encore, il n’en reste pas moins que d’un point de vue purement technique, du fait de l’ampleur et des particularités de sa post production, le 66 dessine un certain horizon indépassable de la judokité, amenant Ju lui même, à l’aube de ses 40 ans, à considérer qu’il s’agit de sa plus grande oeuvre de découpage, ainsi que sa dernière. La musique et le groupe en lui même dépassant largement la portée du découpage et les ambitions de chaque membre individuel, il convient toutefois de laisser ouvert à l’inconnu l’évolution judokéenne par une interrogation proche de celle qui consiste à se demander ce qu’il y a au delà de l’univers ; “ et après ? ” .//. Monument historique qui pourrait s'illustrer par de valeureux combattants vêtus de kimonos plantant l'étendard de la musique réalité au sommet de l'art musical .//. A écouter assis, seul et fort .//. Karl's .//. Double phil de la judokité.


* A l’instar du 33ème album, le 66 est constitué en 3 sections distinctes: 

   - les 10 premières songs, de Univers à Come to me - la crème -

   - les 12 suivantes, de Ode à l’inspiration à A l’ouest d’Eden - le beurre

   - les 11 dernières, de Richard Claydermando à Serenade - l’huile -

Ces sections dessinent 3 parcours possibles d’écoute de l’album, croissant en temps et en difficultés :

   - La petite boucle, de la piste 1 à la piste 17 (durée : 1h51) adaptée avec enfants

   - La moyenne boucle, de la piste 1 à la piste 33 (durée : 3h33) quelques montées 

   - La grande boucle, de la piste 1 à la piste 51 (durée : 5h17) prévoir de bonnes enceintes et un en-cas

 

Lettre: 
S
Thème: 
ALBUMS