Sous la neige (loc.jdkl.) : 7ème album de JudokA. Immaculé, poudreux, doux et rond. Marqué par la présence du kA au chant. Réinterprétation habitée des moments de Noël. Fixation pénétrée du tapis.
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CRITIQUE DE JUDOKA PAR JEAN STEVEN (Les cahiers de la musique, 159)
Soyons sérieux. Si nous comprenons sans peine le récent engouement pour JUDOKA, nouveau trio amateur de la banlieue néo-chic parisienne, auprès de quelques groupies, nous ne saurions, sans nous étrangler, en faire une critique décente et constructive. Hormis en demandant à ses amateurs, qui s’en réclament par ailleurs comme s’il s’agissait là d’une qualité ou d’un faire-valoir, de retourner à leurs gammes. Nous doutons sérieusement de la culture musicale du groupe, qui doit, à tout peser, reposer sur quelques albums poussiéreux des années 70 et une culture new-wave aussi pauvre et froide qu’elle ne l’était déjà à l’époque. Vraiment, pas de quoi fantasmer. Nous sommes d’accord, les moyens techniques ont changé et c’est ce qui doit plaire à nos amis des Inrocks, friands de tout ce qui sonne « tendance » et « électro ». Mais, jeunes gens, ce n’est pas avec trois sons bourrés d’effets, jetés en pâture dès les premières mesures, que l’on construit ce que vous appelez de la musique. Encore faut-il disposer, non seulement d’un rudiment de technique, ce dont, très franchement, nous doutons à vous entendre, mais encore, d’un minimum de nuances, ce dont vous êtes, à vous écouter, totalement dépourvus. Et c’est probablement ce déballage d’arrière cour de hall de fac, dès lors que JUDOKA entre dans ses élucubrations, qui nous choque le plus. Sous couvert de se prétendre artistes, JUDOKA n’est qu’un groupe de maquilleurs. A commencer par ce que Jérôme décrit comme étant « l’âme » du trio, (il ose le dire sans complexe et sans honte), à savoir l’improvisation fondatrice des albums du groupe. Comment expliquer alors, si l’en est, que Julien s’adonne aux découpages et au mix des titres de JUDOKA ? N’est-il pas paradoxal que ce groupe se réclame d’improviser alors même qu’il fournit à ses auditeurs à un travail re-construit, re-structuré, re-mâché, en un mot, re-battu ? Et le cœur du maquillage ou de la supercherie de JUDOKA est là. Car nous excuserions, volontiers, par exemple, que Dominique, qui ne doit connaître que la quinte augmenté et un effet de son enregistreur bon marché, se cantonne à répéter en boucles des gimmiques d’une pauvreté sans fond que le terme minimaliste ne suffit pas à atténuer. Par ailleurs, nous comprendrions que les logorrhées verbales du groupe, fournit en l’état, soit à ce point, dépourvus de sens, (ce qui peut être un genre en soi) pour ne pas dire risibles. Car comment adhérer, dès lors que ces espaces parlers ont été sélectionnés, à cette bouillie informe de propos triviaux, proches du comptoir du café de commerce, (à écouter par exemple la pathétique référence à des cours de latin de classe de 4ème), qui se donne de la prestance, sous couvert d’être appelés poésie par les membres du groupe. Il ne suffit pas, messieurs de JUDOKA, d’avoir lu quelques livres et fait un tant soit peu d’études pour que vos prétentions soient à la hauteur de vos ambitions. Pour être poêtes, il ne suffit pas de faire reluire vos propos, comme vous le faites vulgairement, en marketant vos productions. JUDOKA est, in fine, un groupe d’onanistes elitistes qui se cachent sous les mots pour ne rien dire du vide qui habite leur paresse à réfléchir, à penser et à construire. Des gens de bon goût, finalement de bon ton, faussement provocateurs, faussement novateurs, faussement musiciens, et même, comble de leur « concept », faussement amateurs. A la fin de l’onanisme, il n’y a que la petite mort. Messieurs de JUDOKA ne cherchez plus à la dissimuler de quelques artifices qui entichent votre son d’un semblant d’intelligence. Vous êtes, et désespérément, artificiels.